Si le premier semestre 2020 a accouché du plus faible nombre de faillites d’entreprises en France depuis 20 ans, la persistance de la crise sanitaire et ses conséquences économiques font craindre le pire pour 2021. Les perfusions de l’État retardent l’échéance et Euler Hermes table d’ores et déjà sur un blanc à plus de 60 000 défaillances pour la nouvelle année. Au stade de la procédure collective, il était toutefois possible de sauver une entreprise de la faillite… à condition de disposer d’un solide plan de relance de l’activité.
1. Des registres spécialisés pour identifier des entreprises en défaillance
La France a connu 52 000 défaillances d’entreprises en 2019, et ce chiffre est inférieur à 40 000 en 2020. Mais si l’on exclut les microentreprises, cela représente à peine plus de 1200 TPE, moins de 900 PME et une quarantaine d’ETI et grandes entreprises sur douze mois glissants à fin septembre dernier. Les mandataires et administrateurs judiciaires qui assistent et surveillent la gestion des entreprises en difficulté recherchent régulièrement des candidats à la reprise, et c’est autant d’opportunités pour des entrepreneurs en quête d’un défi. Infogreffe et le site internet des enchères publiques notamment recensent ces annonces d’entreprises en difficulté à reprendre.
2. La cohérence homme/projet, clé de la réussite
Pour que l’offre d’un repreneur soit choisie au tribunal de commerce, ce dernier doit veiller tout particulièrement à convaincre le juge de la cohérence entre son profil, ses motivations et son projet. Diplômes, expérience, connaissance du secteur d’activité, compatibilité avec l’équipe en place : tous ces critères pèsent et peuvent parfois primer sur les moyens financiers. Les contraintes personnelles ne doivent pas être un obstacle à la réussite du projet, et le niveau de rémunération envisagé doit aussi tenir compte de la nature de l’activité.
3. La difficile mais si précieuse évaluation du risque
Redresser une entreprise en difficulté est un pari risqué : vous devez réussir là où l’équipe dirigeante en place – souvent le fondateur de l’entreprise – a échoué. Si un entrepreneur contrôle un maximum de paramètres à la création de sa société, il doit composer avec l’existant dans le cas d’une reprise, et avec un modèle qui n’a pas fonctionné dans le cas d’une entreprise en procédure collective. Il devra donc auditer son organisation dans un contexte pesant qui ne lui facilitera pas l’accès à l’information, et qui nécessitera d’aller au-delà des données chiffrées en rencontrant les personnes internes et extérieures à l’entreprise. Autre élément d’important : il n’aura pas de pas de recours possible contre le cédant.
4. Une course contre la montre permanente
Une entreprise en difficulté perd de l’argent ; chaque jour qui passe ajoute à la difficulté de réussir son redressement. C’est pour cette raison qu’un repreneur n’a pas le luxe de peaufiner son projet, il doit aller vite pour pouvoir le mettre en application le plus vite possible, avant que le point de non-retour ne soit atteint. C’est la raison pour laquelle cibler une entreprise d’un secteur que vous maitrisez parfaitement est la démarche la plus pertinente, idéalement dans un secteur géographique que vous connaissez. La démarche est extrêmement coûteuse en temps, mais aussi en autofinancement au départ afin de remettre l’entreprise à flot en attendant que les recettes dégagées par le nouveau modèle ne viennent rembourser l’investissement si l’opération est une réussite.
5. L’accompagnement crucial de l’expert-comptable
À toutes les étapes de la reprise d’une entreprise en difficulté, l’expert-comptable s’impose comme l’interlocuteur le plus qualifié pour accompagner le repreneur. Il lui délivre du conseil sur l’élaboration de l’offre de reprise, la construction du business plan et des prévisionnels d’exploitation et de trésorerie. L’expert-comptable apporte une caution au repreneur qui peut faire la différence devant le tribunal de commerce, mais aussi et surtout orienter les premières décisions stratégiques dans le bon sens afin que le sauvetage remette l’entreprise sur le bon chemin.