Télétravail : pour ou contre la surveillance des collaborateurs en distanciel ?
Près des deux tiers des grandes entreprises en France surveillent leurs salariés en télétravail d’après une récente étude Vanson Bourne. D’autres études indiquent que des outils de surveillance sont déployés auprès des collaborateurs en distanciel dans près de la moitié des entreprises françaises. Que dit la loi sur le sujet ? Quel impact sur les salariés ? Nos réponses.
Plus d’un salarié sur deux adepte du télétravail en France
La crise sanitaire a accéléré la démocratisation du télétravail dans les entreprises. L’avantage du « distanciel », c’est évidemment la possibilité de rester productif sans se rendre sur son lieu de travail, de manière contrainte – comme lors l’imposaient les restrictions sanitaires – ou par choix , pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle. Selon le baromètre JLL, 47 % des entreprises ont adopté le télétravail et 55 % des salariés en usent.
Le travail à distance bouscule les habitudes et aboutit à une perte du rapport direct entre le management et les équipes « sur site ». Dès lors, certains managers sont tentés de trouver des process pour surveiller le respect du temps de travail la bonne exécution des missions.
De l’échange quotidien à la surveillance intrusive
Le plus courant : la mise en place de comptes rendus réguliers. Réunions en visio, mail « récap » quotidien… L’inconvénient : l’aspect chronophage, à la fois pour le manager et ses collaborateurs. Alors des outils de surveillance des salariés se sont développés pour maintenir un contrôle du management sans perte de temps. De manière transparente, une entreprise peut inviter ses collaborateurs à utiliser un outil auto-déclaratif pour indiquer ses amplitudes horaires de prise de poste. Un système imparfait, car il ne renseigne pas sur la réalité de la productivité du salarié durant ces plages horaires…
D’autres outils de surveillance des salariés remédient à ce défaut, en mesurant la qualité du travail du collaborateur à distance. La fonctionnalité «keylogger» va même enregistrer chaque action effectuée. Certains logiciels espions vont encore plus loin en utilisant la webcam et le micro du poste de travail pour surveiller et enregistrer le salarié.
Le Code du travail encadre le contrôle des salariés
La surveillance des salariés en télétravail est-elle autorisée ? Oui, dès lors que l’entreprise respecte le cadre réglementaire. Le contrôle de l’activité des collaborateurs doit être transparent, l’entreprise doit informer les salariés ainsi que le CSE comme l’indique l’article L. 1222-4 du Code du travail. Le CSE doit par ailleurs être consulté sur les modalités de mise en œuvre de ce contrôle. La surveillance oui, mais pas de manière excessive selon l’article L. 1121-1 du Code du travail, afin de préserver les libertés individuelles. Cela exclut donc l’obligation de laisser sa webcam active en permanence ou encore le keylogger. L’usage de la webcam n’est d’ailleurs pas obligatoire d’après la CNIL, sauf dans des situations précises tel qu’un entretien RH ou une visio avec un client. Par ailleurs, le Code du travail n’autorise pas l’employeur à contacter à un collaborateur à n’importe quelle heure au prétexte qu’il est en distanciel. Il est par ailleurs tenu de respecter les données personnelles du salarié en vertu de la RGPD.
Une part non négligeable des salariés gênée par la surveillance à distance
Qu’en disent les salariés surveillés ? Pour près de la moitié, un tel contrôle nuit à leur moral selon l’enquête Software Advice. Cette dernière indique moins des deux tiers des employés sous surveillance ont été informés des modalités du contrôle de leur activité, et moins de deux sur dix (18%) se sentent incités à travailler plus en connaissance de cause. Ils sont légèrement plus (22%) à se sentir encouragés à moins travailler… Ce qui ne plaide donc pas pour une surveillance stricte du travail en distanciel. Software Advice encourage davantage l’auto-surveillance et plus encore la gamification pour dynamiser l’engagement des équipes en télétravail.